Salaires en sortie d’école de commerce : ce qu’on ne vous dit pas

Des salaires gonflés pour faire rêver

Les salaires annoncés par les écoles de commerce sont en réalité le fruit d’enquêtes internes, souvent réalisées quelques mois après le diplôme. Problème : ces enquêtes sont biaisées à plusieurs niveaux.

D’une part, seuls les diplômés en poste et généralement satisfaits répondent — ceux qui peinent à trouver un emploi ou ont des rémunérations décevantes sont souvent absents des statistiques. D’autre part, certaines écoles incitent directement leurs anciens élèves à « optimiser » leurs réponses. C’est exactement ce qu’a révélé récemment un ancien diplômé de TBS Education.

L’affaire TBS : un cas emblématique

En mars 2025, un diplômé 2022 de TBS Education a publié un témoignage édifiant : un salarié de l’école lui aurait demandé d’ajouter 35 % à son salaire brut pour y inclure une "correction" liée à la couverture sociale à l'étranger et de déduire ses rémunérations de stages de ses frais de scolarité pour améliorer artificiellement le "retour sur investissement".

Autrement dit : manipuler les chiffres pour gonfler les indicateurs pris en compte par les différents classements, où la place des écoles dépend largement du salaire de leurs diplômés.

L’école a été contrainte de réagir publiquement. Mais ce cas isolé soulève une question plus large : dans quelle mesure peut-on encore faire confiance aux chiffres affichés par les écoles ?

Un outil marketing, bien plus qu’un indicateur fiable

Ce qui devait être un indicateur informatif est devenu, pour beaucoup d’établissements, un levier marketing puissant. Un salaire moyen à 45 000 €, 50 000 €, voire 55 000 € à la sortie donne une image séduisante, surtout auprès des familles prêtes à investir 10 000 à 15 000 € par an dans une scolarité.

Mais attention : ce chiffre ne dit rien du taux d’insertion, des écarts entre secteurs, ni des réalités de terrain. Un diplômé qui intègre une grande banque d’affaires à Londres n’est pas représentatif de celui qui démarre dans une PME en province. Et rares sont les écoles à publier les médianes ou l’éventail complet des salaires.

Comment lire ces chiffres avec discernement ?

Voici quelques conseils pour les élèves et parents soucieux de prendre une décision éclairée :

• Vérifiez la méthodologie complète des enquêtes de salaires (nombre de répondants, taux de réponse, répartition des postes).

• Croisez les sources : comparez les données de l’école avec celles publiées dans d'autres classements.

• Discutez avec des anciens élèves récents pour obtenir un retour de terrain honnête.

• Gardez en tête que le salaire ne fait pas tout : conditions de travail, perspectives d’évolution, secteur d’activité, localisation et bien-être global sont aussi essentiels.

En conclusion : rester lucide face aux promesses

Il ne s’agit pas de dire que toutes les écoles manipulent leurs chiffres. Certaines jouent la carte de la transparence, et la majorité de leurs diplômés réussissent très bien leur insertion professionnelle. Mais il est fondamental de ne pas fonder son choix uniquement sur des salaires de sortie affichés, souvent enjolivés et peu représentatifs de la réalité du plus grand nombre.

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